La prochaine séance du colloquium de mathématiques aura lieu le jeudi 15 octobre à 16h40, à l’UFR ST.
L’exposé sera donné par Franck JEDRZEJEWSKI (Institut national des sciences et techniques nucléaires (CEA)), sur le sujet :
Résumé :
Le terme de « musiques improvisées » recouvre des notions différentes.
L’improvisation à l’orgue telle que la pratiquait Marcel Dupré ou Olivier Messiaen suit des règles fort éloignées de celles des ragas de Chaurasia ou de Ram Narayan, ou des formes improvisées des musiques de tradition orale. Pour privilégier les aspects topo-aléatoires, nous avons choisi de ne parler que de l’improvisation libre ou de ce que Derek Bailey appelle l’improvisation non idiomatique. Dans cet ensemble, il semble que les formes aléatoires soient contrôlées par la topologie : la spontanéité est totale avant même que la musique ne franchisse des limites anarchiques et chaotiques portées par le plaisir mimétique. Pour autant, les intentions des improvisateurs garantissent la diversité des genres. Selon leur formation d’origine, qu’ils viennent ou pratiquent la musique contemporaine comme Joëlle Léandre, la musique électroacoustique comme Olivier Sens ou la musique de jazz et apparentée comme Barry Guy ou Tim Berne, les musiciens apportent une contribution qui est la marque de leur propre signature. Le violoncelle de Vincent Courtois ou le papier préparé de Benoît Delbecq signent cet espace topologique et leur démarche inventive se construit autant sur un contexte que sur un texte. Ce lieu où la partition est le plus souvent absente est aussi pour le plus grand plaisir de l’auditeur un espace d’expression de la virtuosité des instrumentistes.
Les modèles topo-aléatoires cherchent à comprendre comment, d’un point de vue formel, une petite structure topologique se transforme dans le maelström de l’improvisation en conservant un potentiel de reconnaissance, et réalise, à travers ses métamorphoses, la trajectoire d’un processus stochastique le plus souvent non markovien. L’improvisation collective est une façon de tresser l’espace et l’analyse musicale consiste à trouver les règles de transformation de ce processus et de nous aider à comprendre la structure profonde de ces hétérotopies mimétiques.